Portrait / Portrait 2020

Club des Duadistes, le portrait du mois: Tania Teschke

Le DUAD est un prestigieux diplôme reconnu par le monde du vin en France et à l’étranger. Qui sont les membres du réseau formé par les Duadistes ? Chaque mois le DUAD’s club présente une ou un ancien Duadiste.

Auteure et photographe, Tania Teschke est de la promotion 2015

SEPTEMBRE  2020

Photo Tania Teschke

 

the bordeaux kitchen

Son parcours

Née en Californie, Tania Teschke est d’origine allemande. Revenant souvent en Allemagne, elle étudie à Rhode Island avec une prédilection pour l’écriture créative, les langues, la politique et la littérature, surtout de la Russie, alors Union Soviétique, et de la France. Elle passera un semestre à Moscou en 1991, juste après le putsch, et un autre en 1992 à la Sorbonne, à Paris.

Après ses études, elle part travailler au Kazakhstan, pour des programmes de développement et d’échanges entre l’Asie centrale et les Etats-Unis. Elle devient alors journaliste. De retour à Boston, elle obtient un master d’économie et de relations internationales en business, période pendant laquelle elle fait la connaissance de son futur époux, Toby Wolf, qui sera consul des Etats-Unis à Bordeaux, pour la Nouvelle-Aquitaine, de 2013 à 2016.

Après plusieurs années à Francfort, New York, Paris, Moscou, Tokyo… Tania Teschke suit son mari à Bordeaux, où elle publie son ouvrage « The Bordeaux Kitchen : an immersion into french food and win inspired by ancestral traditions ». Un ouvrage inspiré par la cuisine, le vin de la région et le mode de vie française, auquel le Duad’s Club avait déjà consacré une actualité. Tania Teschke réside actuellement près de Washington, DC.

Ses sites :

https://bordeauxkitchen.com/

https://taniateschke.com/

Pourquoi avoir choisi de passer le DUAD ?

A Bordeaux, il y avait une confluence d’influences dans ma vie, toutes en même temps : le désir de mieux comprendre la cuisine, le vin et les traditions ancestrales de la France, de comprendre plus profondément la beauté des vignobles et le vigneron dans son travail, et d’améliorer ma propre santé à travers de cette culture, que j’adorais chez mes amis français, chef, bouchers, vignerons, artisans, cuisiniers, professeurs – tous des gardiens de ces secrets culturels. Mes amis francophones et anglophones de la région, connaissant l’excellente réputation du DUAD, m’ont recommandé de passer le diplôme.

Je voulais réaliser mon projet d’écriture d’un livre de recettes, mêlant des accords mets et vins tirés de mes découvertes, une certaine -et humble !- maîtrise du vin, avec mes photographies et mon respect et mon adoration pour la culture française (pour la transmettre aux lecteurs anglophones). J’ai donc accepté le challenge du DUAD.

Que vous a apporté le diplôme ?

Non seulement le diplôme m’a apporté une certaine fierté, de la confiance en moi et l’assurance que je comprenais un peu mieux le vin et la dégustation (sachant que la chimie en français n’est pas drôle !). Mais en plus j’ai acquis encore plus de respect pour les gens qui travaillent autour et dans le vin. J’ai une admiration profonde pour les vignerons et la tradition du vin qu’ils perpétuent.

Quel est le meilleur souvenir que vous gardez de cette année de formation ?

Mes meilleurs souvenirs, outre les amis adorables et patients que j’ai rencontrés, sont ceux des cours du professeur Denis Dubourdieu. Surtout lorsqu’il racontait sa philosophie sur le vin et la vie, le premier jour de son intervention et pendant ses autres cours et dégustations. Il approchait le vin avec une telle passion, une telle tendresse et un tel respect qu’on ne pouvait que tomber amoureux du vin, comme lui ! Ses impressions et descriptions autour du vin, de la viticulture et de la dégustation m’ont touchée si profondément que je me baladais dans les rues de Bordeaux en écoutant ses cours pour saisir tout ce qu’il transmettait si poétiquement.

A travers ses mots poétiques (à mon oreille anglophone, du moins), il pouvait faire de la poésie descriptive même pendant les séances sur des thèmes comme les levures et les phospholipides !

Cela m’a frappé de voir un respect si profond pour la nature, jusqu’au niveau des cellules, et de voir comment il s’émerveillait devant cette nature, alors qu’en même temps lui souffrait d’un cancer. Sa légende et sa marque survivent pour toujours.

Et le pire souvenir ?

Quand j’ai reçu ma note du premier examen ! Comme je l’ai dit, la chimie en français, ce n’est pas drôle du tout ! Heureusement que j’avais des amies duadistes qui m’ont sauvée lors des examens écrits suivants : elles m’ont volontiers consacré des heures pour que je puisse comprendre les sujets.

Y a-t-il un cours ou une dégustation qui vous a marquée en particulier ?

La dégustation des pomerols avec Jean-Claude Berrouet, œnologue distingué. Ce fut un grand honneur d’être présente pendant cette dégustation et de pouvoir absorber ainsi une langue et cette façon passionnée de décrire le vin poétiquement.

Etes-vous restés en contact avec des Duadistes de votre promotion ?

Le premier jour de la formation je faisais anxieusement la queue à côté d’une très belle et sympathique jeune femme, qui s’appelait Malika Faitout – et c’est vrai, elle peut tout faire. Elle est devenue major de notre promotion ! On se mettait toujours ensemble au premier ou deuxième rang, comme des fayottes, et elle me prêtait toujours des stylos ou des feuilles de papier, quand avec une fatigue toujours présente, j’oubliais mes affaires, comme une petite écolière !

Avec le temps, et des séances et dégustations hors des cours, j’ai fait la connaissance de plusieurs très bonnes amies qui, en partageant une souffrance et une exaltation commune, sont devenues mes meilleures amies. Ce sont elles qui m’ont aidée et encouragée à chaque étape. Grâce au soutien moral de mes amies duadistes, je suis moi aussi devenue duadiste. Au final, elles ont même fait une grande partie et le cœur de mon livre !

 

Être Duadiste, pour vous, c’est…

L’occasion de faire partie d’une petite promotion privilégiée et d’avoir des amis éternels avec lesquels on a souffert, appris, et célébré le vin et la vie. En même temps, être Duadiste c’est faire partie d’un réseau plus grand, rempli de gens qui se respectent pour leur participation, leurs connaissances et leur humanité communes. Néanmoins ayant des formations, des intérêts et des buts différents, les Duadistes se réconcilient et se rencontrent toujours autour d’un symbole ancestral et culturel de partage : le vin.

Propos recueillis par Audrey Marret