Portrait / Portrait 2020

Club des Duadistes, le portrait du mois : Luis Valentín

Le DUAD est un prestigieux diplôme reconnu par le monde du vin en France et à l’étranger. Qui sont les membres du réseau formé par les Duadistes ? Chaque mois le DUAD’s club présente une ou un ancien Duadiste.

Fondateur de la bodega Valenciso, située dans la Rioja, l’Espagnol Luis Valentín est de la promotion 2000. Il a animé pour le DUAD’s Club la dégustation des grands vins espagnols, les vins de Pagos, du 12 octobre 2020.

 

OCTOBRE  2020

LuisValentin fotoduad

Son parcours

Après des études d’économie et d’administration des entreprises, Luis Valentín a travaillé pendant près de quinze ans au sein du groupe Bodegas Palacio, racheté en 1987 par l’entrepreneur du vin Jean Gervais. Luis Valentín deviendra directeur général de Bodegas Palacio. En 1998, il s’associe avec Carmen Enciso pour créer dans sa région natale la bodega Valenciso, au nord de la Rioja, dans la commune espagnole d’Ollauri. La bodega Valenciso a entamé sa conversion vers la viticulture biologique en 2017.

Le site de la bodega Valenciso :

www.valenciso.com

Pourquoi avoir choisi de passer le DUAD ?

Tout d’abord, toute ma formation viti-vinocole s’est faite en France, où j’avais beaucoup de contacts. Et cela grâce à Jean Gervais, qui a été un véritable père professionnel pour moi. C’est lui qui a fait venir l’œnologue Michel Rolland dans la Rioja. Ça a été une opportunité pour moi de le rencontrer. Il n’était pas aussi connu à l’époque : nous étions ses deuxièmes clients hors de France ! J’avais donc déjà beaucoup de contacts français dans la filière vin. Ensuite, je viens du monde de la finance. J’ai d’abord été directeur financier de la filiale de Seagram pour la Rioja [le groupe canadien propriétaire de Bodegas Palacio avant son rachat par Jean Gervais, NDLR], avant de devenir directeur export. Je maîtrisais le côté économique et commercial. Jean Gervais m’a dit que ça serait bien de passer le DUAD. Alors je me suis inscrit en 1999, au moment même où je commençais la création du domaine que j’avais acheté avec mon épouse et associée, Carmen Enciso. J’avais déjà beaucoup d’expérience puisque je travaillais dans le milieu depuis 15 ans. Et je pensais que tandis que le vin était en barrique, j’aurais le temps de suivre le DUAD tout en m’occupant de la gestion de la bodega.

Que vous a apporté le diplôme ?

Honnêtement, j’ai reçu beaucoup plus que j’attendais. Le niveau de formation était très très bon. Les professeurs excellents : il y avait Denis Dubourdieu, qui a ensuite été consultant pour notre domaine. Le DUAD m’a donné une très bonne connaissance technique et l’opportunité de rencontrer des gens de la filière française, avec une vision internationale. Ça a été une très belle expérience. Et j’ai par la suite recommandé à beaucoup de personnes de suivre la formation.

Quel est le meilleur souvenir que vous gardez de cette année de formation ?

Les dégustations ! Nous avons eu par exemple la chance de goûter des Petrus. J’ai eu l’opportunité de connaître beaucoup mieux qu’avant le vin français et je me suis fait des amis fidèles. Non seulement il y avait ce côté professionnel de la dégustation où nous avons goûté des vins que je n’aurais jamais pu goûter ailleurs, mais en plus nous avons organisé beaucoup de dégustations entre collègues. J’ai pu rencontrer des gens du métier, passionnés de vin.

Et le pire souvenir ?

Je suis espagnol et mon français est assez rustique. J’étais obligé de travailler deux fois plus : le français parlé est une chose, le français écrit est une autre chose ! En plus, c’était l’année de lancement de mon domaine dans la Rioja. L’année a été dure : je passais le week-end à Bordeaux dans un hôtel à étudier. Avec un dictionnaire où il fallait chercher les mots, les traduire, les retenir… A l’époque Internet ne fonctionnait pas aussi bien. Et en plus j’avais beaucoup de chose à gérer dans mon domaine. C’est une année où je n’ai pas beaucoup vu mes amis et ma famille. J’allais à Bordeaux le vendredi, il fallait quatre heures en voiture à l’époque. Je passais mes samedis à étudier. Et je rentrais le lundi soir en Espagne. Pendant neuf mois, j’ai eu l’impression de vivre et de travailler comme un moine !

Y a-t-il un cours ou une dégustation qui vous a marquée en particulier ?

Je me rappelle bien sûr de la dégustation de Petrus avec Jean-Claude Berrouet. C’était la première fois que je goûtais les vins du Château Petrus. Et Jean-Claude Berrouet était formidable. J’ai aussi toujours aimé les dégustations avec Denis Dubourdieu. C’est pour cela que huit ans plus tard, nous l’avons contacté pour qu’il soit notre consultant. Le professeur Dubourdieu était un œnologue extraordinaire, et c’était un vrai intellectuel.

Etes-vous restés en contact avec des Duadistes de votre promotion ?

Pas beaucoup mais j’ai conservé quelques amis. Je voyage plus qu’avant. J’ai moins de temps pour assister aux dégustations. Cependant je suis resté très ami avec Maxime Bontoux [de la société VitisVintage qui possède les châteaux Ferrand-Lartigue et Grand Lartigue à Saint-Emilion et Tourteau Chollet dans les Graves, NDLR], qui est devenu partenaire sur le vignoble.

 

Être Duadiste, pour vous, c’est…

C’est être un admirateur de la filière française ! Je sais que beaucoup de Français disent que leur filière vin s’est un peu endormie, qu’il y a d’autres pays… Mais honnêtement, pour moi et pour Carmen, la France viti-vinicole a été notre école.

Propos recueillis par Audrey Marret