Portrait

Club des Duadistes, le portrait du mois : Donat Francqueville

Le DUAD est un prestigieux diplôme reconnu par le monde du vin en France et à l’étranger. Qui sont les membres du réseau formé par les Duadistes ? Chaque mois le DUAD’s club présente une ou un ancien Duadiste. Diplômé de la promotion 2014, Donat Francqueville est directeur du Carré des Vins, site de vente en ligne basé à Bordeaux.

JANVIER 2022

 Donat Francqueville

Son parcours

« Tout juste diplômé d’un Master en commerce des vins, je suis rentré en 2012 au service achats du négociant Wineandco, spécialisé en e-commerce. Durant plusieurs années, j’ai occupé un poste d’acheteur (sur tous types de vins), gérant également la commercialisation web des vins. En 2015, j’ai repris la gestion de la société Le Carré Des Vins, également un site de ventes en ligne de vins, avec toutefois un positionnement assez différent, axé sur les plus grands vins de France et d’ailleurs, plutôt les petites productions, grands vignerons, vins rares… Depuis j’assure la fonction de directeur et gère intégralement la sélection des vins, ce qui inclut de nombreux déplacements dans les vignobles. C’est une chance que d’allier sa passion à son métier, et surtout de travailler avec les meilleurs qui soient. »

Le site du Carré des vins

 

Pourquoi avoir choisi de passer le DUAD ?

« Lors de mon arrivée chez Wineandco, je n’avais pas de connaissances très techniques sur le vin ni en dégustation. C’est pourquoi j’ai demandé à pouvoir suivre le DUAD rapidement et j’ai pu m’inscrire l’année suivante. Cette formation m’a semblé idéale pour combler mes lacunes, et je ne me suis pas trompé. »

 

Que vous a apporté le diplôme ?

« La connaissance, de l’expérience et de l’assurance. Une connaissance technique et plus précise du vin, et en particulier de son élaboration avec la multitude de possibilités qui s’offrent au vigneron vinificateur et ce qui en découle. De l’expérience, car durant tout le long de la formation, nous dégustons un grand nombre de vins, de tous types et toutes origines. Étant à mes débuts lors de cette formation, cela m’a permis en peu de temps de rattraper un certain niveau, nécessaire à mes fonctions.
Enfin, de l’assurance dans mes choix d’acheteur : pouvoir juger parfaitement du niveau d’un vin, ses qualités, ses équilibres, mais aussi déceler le moindre défaut est primordial. Cette formation m’a permis incontestablement de passer un cap. »

 

Quel est le meilleur souvenir que vous gardez de cette année de formation ?

« Très certainement les cours de Denis Dubourdieu et ses dégustations. Il avait à cœur de nous donner des modèles de vins, et nous régalait de magnifiques dégustations notamment sur les grands bordeaux. Ses connaissances et sa mémoire étaient impressionnantes. Nous apprécions tous ses anecdotes et les récits de ses recherches, mais il y a une chose en particulier qui nous avait tous marqué, et qui peut prêter à sourire, c’était sa capacité à cracher d’une précision hors pair. A un mètre du crachoir, il n’y avait pas une goutte en dehors. Sept ans plus tard, je n’ai toujours pas trouvé le moyen d’égaler sa technique… »

 

Et le pire souvenir ?

« Devoir réviser pour les examens écrits… »

 

Y a-t-il un cours ou une dégustation qui vous a marqué en particulier ?

« C’est davantage les dégustations qui m’ont marqué, principalement celles qui consistaient à nous montrer les grands modèles de Bordeaux (avec Las Cases, Trotanoy, Fleur Pétrus, Magdelaine, Haut Bailly en tête), généralement animées par Denis Dubourdieu. Mais s’il y en avait une particulièrement marquante, ce serait celle d’un tout autre style. Celle-ci fut animée par Frédéric Brochet et le but était d’aborder la notion très subjective du prix des vins. La dégustation était à l’aveugle, peut-être 5 à 6 vins rouges de tous styles, sans ordre précis. Après dégustation, Frédéric Brochet lançait une enchère fictive et nous, élèves, devions dire jusqu’à combien nous étions prêts à payer chaque vin. A la surprise générale, un premier grand cru classé de 1855, dont nous tairons ici le nom, avait été glissé dans cette dégustation, il me semble que c’était un 2003. La surprise était d’autant plus grande que les enchères n’avaient pas dépassé 9 euros pour ce vin (avec pourtant aucun défaut majeur)… Il y a surement plusieurs facteurs qui peuvent expliquer ce résultat, mais l’objectif du professeur était atteint. »

 

Êtes-vous resté en contact avec des Duadistes de votre promotion ?

« Oui, avec peu d’entre eux, mais ces quelques personnes sont devenus des amis. Par la suite, j’ai d’autres amis qui sont devenus Duadistes en intégrant les promotions qui ont suivies. »

 

Être Duadiste, c’est…

« Faire partie du monde des initiés, finalement un groupe plutôt restreint. C’est savoir juger un vin, mais aussi le comprendre. C’est aussi apprendre à relativiser face aux grandes étiquettes, et au contraire avoir de plus grandes surprises sur des vins plus modestes. C’est aussi comprendre que les avis peuvent diverger, que le goût unique n’existe pas. Une chose est sûr, c’est qu’en tant que Duadiste, on devient plus exigeant, d’où la nécessité parfois de prendre du recul et de ne pas toujours être trop analytique. Le vin doit aussi pouvoir rester un plaisir simple. »

 

Question bonus
Comment effectuez-vous la sélection des références pour le Carré des Vins ? Procédez-vous par coup de cœur ou avez-vous des critères de choix bien définis ?

« Notre sélection est assez simple, nous cherchons à proposer les meilleurs vignerons de chaque région. Pour un grand nombre d’entre eux, ils sont largement connus et reconnus pour la qualité de leurs vins, pour beaucoup mondialement. Nous ne dégustons donc pas les vins pour les sélectionner, mais davantage pour découvrir chaque nouveaux millésimes, mieux comprendre leur style et juger de leur évolution. Nous allons régulièrement en propriété déguster directement sur fût ce qui nous sera proposé l’année suivante. Nous sommes toutefois aussi à l’affût des futurs grands de demain, et pour les dénicher cela passe souvent par des recommandations, notamment des vignerons avec lesquels nous travaillons. Dans ce cas nous allons chercher à déguster les vins pour juger du niveau. Il peut aussi nous arriver de rentrer un domaine sur un coup de cœur, suite à une dégustation lors d’un salon ou autre. Nous sommes également très sollicités par des producteurs et parfois nous nous laissons tenter. Si les vins ont le niveau, on tente le coup. »