Portrait

Club des Duadistes, le portrait du mois : Beverly Reny

Le DUAD est un prestigieux diplôme reconnu par le monde du vin en France et à l’étranger. Qui sont les membres du réseau formé par les Duadistes ? Chaque mois le DUAD’s club présente une ou un ancien Duadiste.

Cofondatrice du club, Beverly Reny est de la promotion 1982.

FÉVRIER 2021

 BeverlyRENY

FEVRIER 2021

Son parcours

Née à Ickenham, en Grande-Bretagne, Beverly Reny est arrivée en France en 1966 pour travailler auprès du grand négociant Alexis Lichine, au Château Lascombes, à Margaux. C’est en France qu’elle rencontre son époux Allen. Elle devient en 1983 courtier en vin à l’exportation. Plus tard, elle se distingue notamment en défendant le millésime 1986 dans le Bordelais, très critiqué en Angleterre après le succès du millésime 1985. Installée dans la région bordelaise, Beverly Reny préside le Duad’s Club de 1985 à 1987 et en 1999.

Vous êtes cofondatrice du Duad’s Club en 1982, avec Sylvie Salle-Scheitler, qui a été la première présidente du club. Comment le club a-t-il été lancé ?

Pour mon activité professionnelle de courtière à l’exportation, il fallait que je sache pourquoi un vin est bon. Je me suis donc inscrite au DUAD, pour savoir comment se fait le vin, comment mieux exprimer ses qualités, ses défauts. Car parmi les clients, il y avait beaucoup de bluffeurs à l’époque !
A la fin des examens du DUAD, il fallait aller récupérer son diplôme à l’accueil. C’est Martine Langlais-Pauly, présidente du club de 1991 à 1995, avec Francis Levi, qui ont eu plus tard l’idée de faire la remise des diplômes dans un château.
A l’époque, nous devions aller chercher nous-mêmes notre diplôme au secrétariat à l’entrée de la faculté. A ce moment, je croise le professeur avec qui j’ai passé mon oral. Je lui dis : « J’ai bossé d’arrache-pied pendant un an, et maintenant ? C’est comme si j’avais travaillé dur pour apprendre à conduire. Et maintenant que j’ai le permis, vous m’enlevez la voiture ? » Il m’a répondu : « Vous n’avez qu’à ouvrir un club d’anciens élèves ». Avec Sylvie Salle-Scheitler, nous sommes donc allées voir Pascal Ribéreau-Gayon, alors directeur de la faculté d’œnologie. Il nous a proposé de nous réunir le lundi soir. Le lundi, il y avait toujours un intervenant extérieur qui venait donner des cours : l’idée était qu’il reste le soir au club. Pascal Ribéreau-Gayon nous a imposé comme seule condition d’ouvrir le club uniquement aux diplômés du DUAD. Certains pensaient que l’on était un club élitiste, mais pas du tout ! C’est la fac d’œnologie qui nous a obligé à respecter cette condition.

Que vous apporte votre engagement au Duad’s Club ?

Le vin est toute ma vie ! Aussi bien pour le travail que pour le plaisir. Le club m’a apporté du plaisir, de la passion, de la connaissance. Mine de rien, goûter c’est comme ce numéro du prestidigitateur devant une table pleine d’assiettes alignées. Il doit sans cesse courir de la dernière assiette à la première pour que le numéro continue. La dégustation, c’est une remise en œuvre permanente. Et puis, après les séances de dégustation, on allait dans un bon restaurant avec l’intervenant invité. C’était notre façon de le remercier.

Quel est, pour vous, l’un des plus beaux moments passés au club ?

Quand Sandrine Garbay, maître de chai du Château d’Yquem, à Sauternes, est venue pour la dégustation de liquoreux du monde, le 14 décembre 2009. Nous avons eu des vins de plusieurs pays. Un de mes clients en Angleterre m’avait notamment fait parvenir des échantillons de sémillons d’Australie, des moelleux très recherchés, en demi-bouteilles. Sandrine Garbay nous a fait une dégustation géniale. Et nous avons fait le grignotage, qui suit chaque dégustation, avec du Château d’Yquem. Et ça, je m’en souviens !

Et l’un des pires ?

Je me souviens d’un adhérent, qui systématiquement, à chaque séance, essayait de piéger les intervenants. C’était très négatif car ce n’est bien sûr pas le but des dégustations. Ce n’est pas l’esprit du club.

Justement, l’esprit du Duad’s Club, pour vous, c’est… ?

La passion, la convivialité, la solidarité. Il y a par exemple eu Catherine Proks, présidente de 2009 à 2010, qui s’est battue bec et ongle pour que le club reste intégré à l’ISVV (l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin) lors de son déménagement, sur le nouveau site de l’institut.
Le Duad’s Club c’est aussi la volonté de continuer à apprendre : tellement de choses ont changé dans les pratiques du vin. Ce que l’on avait appris en 82 a totalement évolué !
Le club, c’est enfin de l’amitié. C’est une très bonne association où les gens reviennent. Si tu aimes le vin, tu peux parler avec n’importe qui d’autre aimant aussi le vin.

 

Propos recueillis par Audrey Marret