Portrait / Portrait 2020

Club des Duadistes, le portrait du mois: Jean Aubry

Le DUAD est un prestigieux diplôme reconnu par le monde du vin en France et à l’étranger. Qui sont les membres du réseau formé par les Duadistes ? Chaque mois le DUAD’s club présente une ou un ancien Duadiste.

Chroniqueur au quotidien montréalais Le Devoir, le Québécois Jean Aubry est de la promotion 1987.

JUILLET  2020

Jean Aubry

Son parcours :
Formé à l’Institut d’œnologie de Bordeaux (DUAD, promotion 1987), Jean Aubry complète sur place sa formation par un stage de vinifications auprès de Jean-Claude Berrouet aux châteaux Petrus et Lafleur-Gazin, et, plus tard, chez Taittinger, en Champagne. Il fonde, au début des années 2000 L’École des femmes du vin, à Paris, qui a pignon sur rue chez Maxim’s. Il est collaborateur vin au Figaro Magazine, Cuisine & Vins de France et Gault & Millau et, au Québec, à l’Actualité Médicale, La Barrique et Vins & Vignobles. De retour au pays, il poursuit le filon vin en devenant wine coach, sommelier sans tablier, animateur et chroniqueur. Lauréat de plusieurs prix journalistiques (dont Louis Marinier à Bordeaux, Grands jours de Bourgogne etc.), Jean Aubry est aujourd’hui connu pour la liberté de sa plume. Il partage avec humour et passion chaque semaine depuis 1993 les humeurs du vin au quotidien montréalais Le Devoir. Il a publié 13 éditions du « Guide Aubry des 100 meilleurs vins à moins de 25 $ » aux éditions Transcontinental. Il œuvre aujourd’hui chez Studio Vin où il anime cours et propose de belles rencontres et expériences autour du vin.

En savoir plus sur Studio Vin

Pourquoi avoir choisi de passer le DUAD ?
Après avoir mis en place un petit groupe de dégustation au tout début des années 1980 nommé « Les écoliers du vin » et après quelques années de sommellerie informelle dans la restauration québécoise (la sommellerie était anecdotique au Québec à cette époque), il m’est venu cette idée d’aller à la rencontre de mentors avec lesquels je pourrais m’enrichir mais surtout m’assurer de bases plus scientifiques en ce qui a trait au vin et bien sûr, aux techniques liées à la dégustation. Amateur de Bordeaux, la région s’imposait alors d’office en raison de sa réputation mais aussi par la qualité des intervenants sur place, dont le grand Émile Peynaud – que je suivrai d’ailleurs en fin de parcours dans son travail à titre d’observateur. Je ne me doutais pas alors que son livre « Le goût du vin », que j’ai lu et relu d’une couverture à l’autre comme bon nombre d’entre vous d’ailleurs, allait baliser ma route ultérieurement.

Que vous a apporté le diplôme ?
Si ma mémoire est bonne, je n’étais certes pas un premier de classe (je pense n’avoir eu que la note de passage !) mais cette expérience, sur place, avec des amateurs venus des quatre coins du monde était enrichissante à plusieurs égards. Ce diplôme à vrai dire m’a donné un peu plus d’assurance, de connaissance et une ouverture d’esprit qu’un Québécois comme moi – très loin du milieu vitivinicole français – ne pouvait qu’espérer. J’étais toutefois particulièrement studieux sur place, lisant et relisant les « Techniques et travail du vin » (Peynaud) encore une fois dans ses moindres détails, fasciné de ce que rescellait le vin du point du vu microbiologique.

Quel est le meilleur souvenir que vous gardez de cette année de formation ?
Que de souvenirs ! Mes visites dans le vignoble et ses châteaux déjà où les hôtes me recevaient avec beaucoup de fraternité. Lynch-Bages, Pontet-Canet, Domaine de Chevalier, Haut-Bailly, Fieuzal, Smith Haut Lafitte, Haut-Brion, Margaux, Petrus, Chasse-Spleen et j’en passe… J’ai pu sur place déjà assurer une correspondance journalistique avec le quotidien Le Devoir au Québec avec lequel, par un heureux hasard, j’allais être le chroniqueur officiel vin quelques six années plus tard.

Mes rencontres avec le grand Émile Peynaud bien sûr mais surtout avec Denis Dubourdieu dont les nombreuses invitations au Château Reynon et à Doisy-Daëne m’ont ouvert les yeux sur les vinifications. Denis me fera d’ailleurs passer mon examen oral sur les fermentations en barrique des vins blancs. Sa simplicité, son érudition, sa chaleur humaine m’ont touché. Sa disparition m’a bouleversé. La rencontre avec Jean-Claude Berrouet, alors œnologue à Petrus, a aussi été marquante. Je lui dois, après une demande officielle à la fin d’un séminaire qu’il livrait à Talence, de m’avoir invité à titre de stagiaire aux établissements Jean-Pierre Moueix. Encore une fois, sa complicité immédiate mais surtout son grand professionnalisme étaient en tous points inspirants. Plusieurs reportages presse ont été réalisés à la suite des rencontres avec ces grosses pointures du monde du vin bordelais.

Et le pire souvenir ?
Sans doute de ne boire que… du bordeaux pendant un an ! Bon, relativisons, car déguster tous ces grands crus classés a été très formateur pour moi et leur accès plutôt facile. Comme Québécois habitué, via la Société des Alcools du Québec, à une sélection très large des meilleurs vins de la planète, je me sentais un peu à l’étroit sur le plan diversité. Mais à vrai dire, je ne conserve aucun souvenir malheureux de mon séjour sur place.

Y a-t-il un cours ou une dégustation qui vous a marqué en particulier ?
Étudier mes seuils de sensibilité et la compréhension moléculaire du vin me fascinait. Guimberteau, Ribéreau-Gayon, Dubourdieu et les autres professeurs ont tous été à la hauteur pour m’initier à la chose.

Etes-vous resté en contact avec des Duadistes de votre promotion ?
Oui, un autre Québécois du nom de Guy Vidal avec qui je me suis lié d’amitié sur place.

Être Duadiste, pour vous, c’est…
A recommander à toute personne qui veut aller plus avant sur le plan de la compréhension du vin. Une année formatrice qui permet d’établir de solides bases et de savoir de quoi on parle par la suite quand il s’agit de causer vin. À titre de journaliste et de formateur, cela m’a été très utile en me conférant de la crédibilité, de l’intégrité. Surtout en ces périodes où les fake news abondent et où les influenceurs de toutes sortes inondent les médias.

 

Propos recueillis par Audrey Marret